L’Europe de la Renaissance et des siècles postérieurs est un terreau de conflits multiples, sur fond de rivalités culturelles, économiques, militaires. C’est dans ce contexte de tensions interétatiques que la cryptographie connaît un renouveau, devenant une science complexe et élaborée, après une stagnation en Occident tout au long du Moyen-Âge.
De plus, les relations entre les Etats évoluèrent considérablement : la diplomatie apparut à la Renaissance. Les plénipotentiaires communiquaient beaucoup avec leurs souverains : les Etats voulaient donc espionner ces communications entre diplomates et rois des pays rivaux. Les correspondances entre individus lettrés, elles-aussi, se développèrent. Face à l’augmentation des besoins en communication et de la nécessaire confidentialité des échanges, puisque la cryptanalyse des savants arabes avait rendu impossible l’usage de chiffrements par substitution monoalphabétique, il fallut donc que la cryptographie se renouvelât, que l’on inventât des systèmes plus complexes en mesure de tenir en échec les cryptanalystes. Ainsi naquit la substitution polyalphabétique, mécanisée de façon assez rudimentaire par le cadran d’Alberti puis modélisée de façon plus abstraite par le carré de Vigenère qui résista à la cryptanalyse pendant quatre siècles. Il exista aussi des codes plus complexes comme le grand chiffre de Louis XIV. Tous les Etats européens se dotèrent de cabinets noirs qui analysaient avec plus ou moins de réussite le courrier de leurs rivaux.
Cela dépassait le strict cadre militaire de l’Antiquité puisqu’en temps de guerre ou de paix on utilisait toujours autant la cryptographie. L’efficacité de ces cabinets noirs a conditionné la réussite de la politique étrangère des pays. La Cryptanalyse du chiffre de Vigenère au XIXème siècle marqua la fin des trois siècles d’invincibilité de ce dernier chffrement. Après cette révolution, plus aucune communication n’est sûre et les cryptographes peinèrent à reprendre le dessus sur les cryptanalystes.

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